12/12/2013

Ouest-France / Bretagne / Hennebont / Archives du 12-12-2013

Le bâtiment Le Rouzic c’était l’histoire du quartier

Sur les bords du Blavet, à l’entrée du camping municipal, la perspective est désormais tout autre. Car le bâtiment de l’entreprise de travaux publics Le Rouzic a été récemment rasé.

Pour beaucoup de gens de Saint-Caradec, ces murs n’abritaient pas seulement l’entreprise de travaux publics Le Rouzic. Ils étaient bien plus. Avec émotion, certains ont pris des photos, lors de l’abattage, pour garder la mémoire d’un lieu qui a épousé l’histoire du quartier.

Des baraques après-guerre

Dans le temps, il y avait là une vasière. À l’après-guerre, ce qui fut une décharge fut remblayé. Et, comme au camp de Beaufort ou le long des remparts, vingt baraques y ont relogé la population. On y construisit également cinq ou six garages en bois qui ont existé jusqu’aux années 1970. Le bâtiment Le Rouzic doit dater des années 1955-1960. Il est bâti sur une bande de terrain qui appartient au domaine maritime jusqu’à présent.

Un poème de Renée Madec

Sur le grillage qui protégeait le chantier de démolition, était accroché un poème, en hommage au lieu. Renée Madec, riveraine et poétesse à ses heures, y a consigné en vers ce qu’y ont vécu les habitants : « Ce n’était qu’un pauvre hangar/Il rappelle tant de souvenirs/[...] Nous étions là, des jeunes, des vieux/Que de moments merveilleux ! [...] Tous ces beaux jours sont bien partis. [...]/ Adieu, adieu, mon vieil hangar… »

Et d’évoquer ces soirées, du temps des cavalcades, puis les réunions à la naissance du comité de quartier.

Le temps des cavalcades

Gérard Le Rouzic, aujourd’hui retraité, évoque avec chaleur et émotion l’époque où le quartier construisait des chars pour la cavalcade d’Hennebont. « Mon père avait mis à disposition le garage. Dans le fond, les hommes construisaient l’armature du char. Ou plutôt des chars car on en faisait deux, l’un artistique, l’autre humoristique. Et, chaque soir, les femmes venaient confectionner des fleurs en papier crépon. Ensuite, elles posaient ces milliers de fleurs sur le grillage du char. À la pause, c’était, par exemple, un pot-au-feu et on faisait notre petit fest-noz à nous. Ces soirées duraient plusieurs mois, de la mi-janvier à la mi-avril. »

Et la naissance du Cadiq

Le Comité d’animation et de défense des intérêts du quartier est né dans la foulée de la première cavalcade : « Joël Trécant et Denis Kervarrec étaient venus me voir et on avait sorti un tract pour que Saint-Caradec se réveille. À notre grande surprise, il y avait 70 personnes à la réunion. Et on a tous construit ce char qui a obtenu le premier prix. Après, non contents de faire un comité des fêtes, nous, on voulait défendre aussi les intérêts du quartier. »

Et l’équipe se constitua autour de Jacques Guyonvarch, Régine Le Frapper, Jo Le Saux, Joël Trécant et Gérard Le Rouzic. Le bâtiment a abrité les réunions et assemblées générales. Ensuite, il devint le PC des grandes fêtes de Saint-Caradec ainsi que des premières courses pédestres animées par Jean Kervarrec.

Quid de l’emplacement ?

Le terrain appartient toujours au domaine maritime. On peut penser qu’un accord sera passé entre la Ville et ce dernier. Pour quelle utilisation ? Laissons le poème de Renée Madec parler : « A ta place, j’aimerais m’asseoir/pour me rappeler cette histoire. » Un espace vert, avec quelques bancs pour admirer le paysage…


Les derniers moments du bâtiment Le Rouzic. Renée Madec, une riveraine, a restitué en vers l’émotion des gens du quartier. Ici, devant le nouvel espace..

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Les balises HTML ne sont pas autorisés.